Détective-scribe
Journal de bord, du 25 février 2025 : La MAJ de DC Studios – État des lieux et perspectives
Pour fêter leur deuxième anniversaire à la présidence de DC Studios, James Gunn et Peter Safran ont choisi de marquer le coup avec élégance. Plutôt que de se contenter de leurs habituelles interventions sur les réseaux sociaux, les deux architectes du futur de DCU ont préféré répondre directement aux questions des journalistes dans une salle de conférence baignée de lumière californienne. Un moment de calme avant la tempête, à quelques mois à peine de la sortie de Superman de James gunn et de sa nouvelle saison de Peacemaker. Une atmosphère électrique flottait dans l’air, comme une promesse de révélations à la hauteur des attentes… et des spéculations.
Plusieurs rédactions avaient fait le déplacement, prêtes à capter le moindre détail, à débusquer le moindre indice. Si Variety et The Hollywood Reporter ont été les plus rapides à publier leurs résumés, la vérité est que tout ne tenait pas dans un seul article. Impossible, tant le duo avait des choses à dire. Films, séries, animation : ils n’ont laissé aucun sujet de côté.
En deux ans, l’univers de DC Studios a pris une ampleur vertigineuse. Pourtant, si l’on regarde de plus près, un seul projet a réellement vu le jour sous l’égide de Gunn et Safran : Creature Commandos (et Super/Man si l’on compte le documentaire). On pourrait croire à une lenteur stratégique, mais ce serait mal interpréter l’approche des deux hommes. Pour eux, chaque projet doit être mûri, peaufiné, prêt à surprendre. C’est leur vision : ne jamais précipiter les choses.
En écoutant James Gunn parler de Swamp Thing, on sent presque son impatience contenue. Ce projet, qui a tout pour devenir un chef-d’œuvre horrifique, reste en suspens, en partie à cause de l’agenda chargé de James Mangold. Gunn parle du réalisateur avec une admiration palpable, mais son regard trahit un désir de voir le marais lugubre prendre vie. Le réalisateur n’est pas libre, mais Gunn est prêt à attendre – il sait que le jeu en vaut la chandelle. Du côté de Booster Gold, c’est une autre histoire : celle d’une opportunité manquée. Un scénariste passionné s’était manifesté, mais a finalement préféré se retirer. Gunn en parle comme on évoque une amitié avortée, avec un mélange de regret et de compréhension. « Ce projet a besoin de quelqu’un qui croit en lui de tout son cœur », a-t-il confié, laissant entendre qu’il n’abandonnera pas si facilement. Mais ce qui frappe le plus, c’est l’humilité avec laquelle ils admettent leurs hésitations. Waller, par exemple, a connu des « développements compliqués » et n’a pas encore trouvé son ton. Gunn n’hésite pas à le dire : il préfère retarder le projet plutôt que de livrer un scénario qui sonnerait faux. Leurs choix sont guidés par une exigence rare dans l’industrie du divertissement : l’authenticité avant tout. Réaffirmant encore une fois que la qualité prime sur la quantité : aucun projet ne partira en tournage sans qu’un scénario convaincant ne soit au rendez-vous.
C’est sans doute pourquoi certains titres, évoqués il y a longtemps – comme Swamp Thing, Booster Gold, The Authority ou Paradise Lost – semblent stagner, en attendant le bon moment ou la bonne impulsion créative.
Si certains projets patinent, d’autres avancent à grands pas. L’annonce du film Gueule d’Argile (Clayface) a eu l’effet d’un coup de tonnerre. Gunn parle de l’histoire de Mike Flanagan avec des étoiles dans les yeux : une plongée dans l’horreur psychologique, une déconstruction du mythe du monstre. Il révèle presque à contrecœur que ce film ne sera pas un simple divertissement mais une expérience cinématographique destinée à marquer les esprits.
Et puis, il y a cette lueur d’excitation lorsqu’il parle de Supergirl: Woman of Tomorrow. Ce n’est pas juste une suite à Superman: Legacy ; c’est une exploration de l’héroïsme sous un angle différent, plus rugueux, plus humain. Gunn semble profondément touché par le scénario de Ana Nogueira. « C’est un récit sur l’espoir, même lorsqu’il n’y a aucune raison d’espérer », a-t-il expliqué avec une émotion sincère.
Cependant, tout n’est pas rose dans l’univers DC. The Authority, qui devait être une réponse sombre aux idéaux de Superman, est désormais en pause. Trop ambitieux, trop complexe… Les mots de Gunn trahissent une déception qu’il masque derrière un pragmatisme bien rodé. « Ce film mérite d’être parfait, ou de ne pas exister du tout. » On devine que l’idée le hante encore.
Ce qui rend ce projet DC unique, c’est l’équilibre que cherchent Gunn et Safran entre indépendance créative et vision d’ensemble. Ils ne veulent pas forcer un univers connecté, mais ils rêvent tout de même d’un point de chute commun, d’un grand moment où tous les fils narratifs se rejoindraient. Le regard de Gunn s’illumine lorsqu’il évoque cette idée : un crossover épique, mais sans les contraintes d’un calendrier dictatorial.
« Ce ne sont pas des chapitres d’une même histoire », explique-t-il, « ce sont des personnages indépendants qui, un jour, pourraient se retrouver face à quelque chose de plus grand. » Il y a dans ses paroles un mélange d’ambition et de poésie, une vision qui dépasse le simple spectacle pour toucher à l’essence même du mythe.
Et c’est peut-être cela, le véritable héritage de ces deux années passées à la tête de DC Studios : non pas des films, ni des séries, mais une promesse. Celle de raconter des histoires qui resteront gravées dans les mémoires, non pas pour leurs effets spéciaux ou leurs batailles spectaculaires, mais pour les émotions qu’elles auront su éveiller.
Cette mise à jour de DC Studios montre que, même si certains projets avancent plus lentement que prévu, la vision de Gunn et Safran est claire : offrir au public des récits riches et interconnectés, tout en respectant l’identité propre de chaque franchise. Un pari risqué, certes, mais qui pourrait redéfinir l’avenir du cinéma et de la télévision DC.