Détective-scribe
Journal de bord, du 5 juin 2025
Alors que la geekosphère s’indignait pour rien autour du dernier numéro du comic Black Panther, une bande-annonce diffusée lors du State of Play — l’événement où Sony présente ses futurs jeux — a attiré l’attention en ramenant sur le devant de la scène un héros emblématique de la pop culture.
En effet, la récente révélation de « 007 First Light » a suscité un engouement considérable parmi les fans de l’agent secret le plus célèbre du monde. Contrairement aux attentes habituelles d’une sortie cinématographique, c’est sur nos consoles que James Bond fera son grand retour. Cette annonce souligne l’histoire d’amour durable entre la licence James Bond et l’univers du jeu vidéo, une relation qui a débuté il y a plusieurs décennies et qui continue de captiver les joueurs du monde entier. L’occasion rêvée pour revenir sur plus de 40 ans d’aventures numériques de l’espion britannique, entre succès critiques, essais audacieux et quelques ratés mémorables.
En 1997, le studio Rareware, en collaboration avec Nintendo, a lancé l’adaptation vidéoludique de « GoldenEye 007 » sur la Nintendo 64. Ce jeu, basé sur le film éponyme de 1995, a non seulement rencontré un succès commercial impressionnant avec plus de huit millions d’exemplaires vendus, mais il a également redéfini les standards du jeu de tir à la première personne (FPS) sur console. L’innovation majeure de « GoldenEye 007 » résidait dans son mode multijoueur en écran partagé, permettant à quatre joueurs de s’affronter simultanément. Cette fonctionnalité a jeté les bases des modes multijoueurs que l’on retrouve aujourd’hui dans des franchises telles que « Call of Duty » et « Halo ».
De plus, le jeu a introduit des éléments de gameplay novateurs pour l’époque, tels que des objectifs de mission variés, une intelligence artificielle avancée et une immersion narrative fidèle à l’univers de James Bond. Ces caractéristiques ont contribué à établir « GoldenEye 007 » comme une référence incontournable du genre FPS. Il est souvent cité par les développeurs contemporains comme une œuvre fondatrice du gameplay sur console, au même titre que « Doom » ou « Half-Life » sur PC.
Après le triomphe de « GoldenEye », la franchise 007 a connu une prolifération de titres vidéoludiques. Les développeurs ont rapidement compris qu’une adaptation simpliste des films ne suffirait pas à conserver l’intérêt des joueurs. La série a donc évolué vers des scénarios originaux, intégrant l’ADN bondien à travers gadgets, glamour, voitures exotiques et méchants mégalomanes. C’est ainsi qu’on a eu tout au long des années 2000, des jeux de l’ère Pierce Brosnan comme « Demain ne meurt jamais » en 1999 et « Le monde ne suffit pas » en 2000 sortis sur la première PlayStation ou encore le légendaire « 007 Nightfire » en 2002.
Produit par IO Interactive, le studio à qui l’on doit le reboot acclamé de Hitman en 2016 ainsi que ses suites, le jeu intitulé 007 – First Light suscite déjà beaucoup d’enthousiasme depuis la diffusion de sa première bande-annonce. Certains diront qu’il ne s’agit « que d’un jeu » et qu’il n’y a pas de quoi s’emballer. Mais c’est tout le contraire : toutes les raisons sont réunies pour être excité par cette annonce. Les jeux James Bond ont toujours su captiver, mêlant action, élégance et espionnage avec brio. Les premières images dévoilées sont prometteuses. Bien sûr, une part de nous reste prudente : le produit final pourrait ne pas répondre à toutes les attentes. Et pourtant, l’envie d’y croire est bien là. Le trailer laisse entrevoir ce que devrait être un véritable renouveau pour la licence.
On y découvre un jeune James Bond, alors qu’il fait ses premiers pas au sein du programme des agents double-zéro. Bien que chacun ait sa propre vision de ce qu’un James Bond doit être, nous nous accordons tous sur certains fondamentaux : une aura sexy, des scènes explosives, et un héros charismatique parcourant le monde à la poursuite des ennemis du monde libre, entre destinations exotiques et missions périlleuses. Le jeu semble également proposer une approche inédite en racontant les origines de 007 : un drame marquant survenu durant son enfance dans les Alpes, son passé dans l’armée britannique, et un coup d’éclat en Islande qui aurait convaincu M de l’intégrer au programme double-zéro. Présenter James Bond comme un jeune homme en conflit avec l’autorité, en quête de sa place dans le monde, est une manière intelligente de réintroduire le personnage et de le rendre plus pertinent dans le contexte actuel.
N’oublions pas que beaucoup considèrent l’agent britannique comme un héros un peu dépassé. Ironiquement, ce sont souvent ces mêmes personnes qui encensent Mission Impossible ou John Wick, deux franchises pourtant directement inspirées par l’univers de Bond. Dans cette nouvelle aventure, Bond sera accompagné d’un mentor : John Greenway. Leur relation, teintée de dynamique père-fils, promet d’être un axe narratif fort, particulièrement bienvenu alors que Bond est encore un « rookie » dans le monde de l’espionnage. Ce jeune agent, impulsif et guidé par son instinct — une qualité qui l’a certes sauvé jusqu’ici — devra apprendre à tempérer ses réactions dans un univers où la subtilité est parfois plus utile que la force brute.
En optant pour une approche « sandbox » sophistiquée, les développeurs veulent permettre aux joueurs d’incarner véritablement James Bond, en improvisant et en s’adaptant comme le ferait un vrai espion. Cette orientation pourrait représenter un tournant majeur pour la série. Les missions devraient permettre de multiples approches, entre infiltration pure, gadgets high-tech ou affrontements musclés, avec un design rappelant la souplesse d’un Hitman, mais l’élégance d’un Bond.
Depuis ses débuts sur consoles jusqu’à l’annonce de « 007 First Light », la licence James Bond a su s’imposer comme une référence dans le monde du jeu vidéo. À travers des titres innovants et des adaptations fidèles à l’esprit des films, elle a su captiver les joueurs et évoluer avec son temps. Plus qu’un simple produit dérivé, chaque jeu 007 est un hommage à l’univers bondien, une tentative de le réinventer selon les codes technologiques de son époque.
Alors que nous attendons avec impatience la sortie de ce nouveau chapitre, une chose est certaine : l’histoire d’amour entre James Bond et le jeu vidéo est loin d’être terminée. D’ailleurs, dans un monde saturé de super-héros, Bond reste unique. Et quand il revient, même manette en main, le monde entier retient son souffle.